Vision Énergie
Démarche participative
Scénarios énergétiques
Les scénarios de demande énergétique
Les scénarios de demande ont été conçus de manière à représenter trois trajectoires distinctes de demande énergétique. Ils permettent d’évaluer les répercussions associées à différents rythmes d’évolution de cette dernière. La trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) est la même pour les trois scénarios.
Scénario de demande faible
Ce scénario imagine un Québec qui mise sur la sobriété et la réduction des besoins en énergie. Les citoyens, les entreprises et les municipalités adoptent des habitudes plus efficaces : les bâtiments consomment peu, les villes sont plus denses, et les déplacements se font surtout en transport collectif, à vélo ou en train.
Les industries réduisent leurs besoins énergétiques grâce à l’économie circulaire, au recyclage et à l’utilisation locale des ressources. La croissance économique se poursuit, mais de manière plus modérée.
C’est un scénario où le Québec apprend à vivre mieux avec moins, en misant sur la sobriété pour assurer une transition énergétique durable.
Scénario de demande intermédiaire
Ce scénario décrit un Québec qui avance de façon structurée et réaliste vers la transition énergétique, en s’adaptant aux évolutions du commerce international. La croissance économique se poursuit, mais elle est encadrée par une gestion rigoureuse de la demande d’énergie. Les entreprises misent sur l’innovation et les technologies propres, particulièrement dans les filières qui sont énergivores, mais stratégiques pour l’économie du Québec.
De nouvelles industries émergent à un rythme mesuré, attirées par la disponibilité d’une énergie propre et abordable, mais limitées par les capacités des infrastructures et de la main-d’œuvre. Les transports et les bâtiments deviennent plus efficaces, tout en accompagnant la croissance démographique.
Ce scénario représente un chemin d’équilibre, où le Québec concilie développement économique, innovation et responsabilité environnementale.
Scénario de demande forte
Ce scénario présente un Québec en pleine effervescence économique qui mise sur ses ressources propres et son savoir-faire technologique. La demande d’énergie augmente fortement, stimulée par l’essor des industries émergentes, comme les centres de données, la production de batteries, les technologies de pointe et l’électrification des transports.
Les exportations s’intensifient et les secteurs manufacturiers tournent à plein régime pour répondre à la demande mondiale. Les infrastructures se multiplient : routes, ports, bâtiments et réseaux électriques se modernisent pour soutenir cette croissance.
Ce scénario illustre un Québec ambitieux, tourné vers l’innovation et l’international, qui mise sur la transition énergétique comme moteur de développement économique et de rayonnement.
Les scénarios d’offre énergétique
Le Québec dispose d’un potentiel diversifié de solutions énergétiques pouvant être déployées à des intensités variables selon les orientations retenues. Quatre trajectoires d’approvisionnement énergétique ont été explorées en puisant dans ces solutions. Il va sans dire que ces scénarios seront possibles si le contexte social et politique demeure favorable et si les communautés autochtones et locales participent pleinement aux décisions et que leurs savoirs ainsi que leurs priorités sont reconnus dans la planification. Le Québec pourra relever ces défis s’il parvient à mobiliser son savoir-faire collectif, sa main-d’œuvre qualifiée ainsi que sa capacité d’innovation afin de réaliser les chantiers de la transition énergétique.
Nouvelle hydraulique
Ce scénario suppose que le Québec sera en mesure de développer suffisamment de nouvelles ressources hydrauliques pour satisfaire à la demande additionnelle dans un contexte de transition énergétique. De plus, les barrages-réservoirs seraient priorisés par rapport aux centrales au fil de l’eau (qui utilisent le courant naturel d’une rivière, sans grand barrage ni réservoir, pour produire de l’électricité en temps réel). Ce scénario fait l’hypothèse que l’environnement sociopolitique sera favorable au développement des barrages, que l’implication et l’accord des communautés autochtones seront assurés, que le savoir-faire et la main-d’œuvre seront disponibles pour les travaux de construction, et que les projets pourront être réalisés dans les délais nécessaires pour répondre à la demande croissante. De plus, ce scénario nécessiterait vraisemblablement les investissements les plus importants dans le réseau de transport d’électricité. Son principal avantage serait d’offrir une capacité de puissance de base importante et modulable. Le reste des capacités serait principalement assuré par des énergies renouvelables dont la production est variable, mais dont les installations présentent l’avantage d’avoir des délais de planification et de construction plus courts et de pouvoir être implantées plus près des centres de consommation.
Nucléaire
Ce scénario repose sur l’hypothèse que le Québec reviendrait aux technologies nucléaires, qui ont évolué depuis la fermeture de la centrale Gentilly-2 en 2012. Le développement de petits réacteurs modulaires (PRM) offre la possibilité de construire des réacteurs plus rapidement et avec une plus grande flexibilité en ce qui a trait à l’emplacement et à l’utilisation (ex. : production simultanée d’électricité et de chaleur). Une fois ces réacteurs commercialisés, leurs coûts pourraient également devenir compétitifs par rapport à ceux des réacteurs classiques. Parallèlement, les technologies nucléaires classiques ont aussi progressé. Le Québec pourrait tirer profit de l’expérience de l’Ontario, qui prévoit le déploiement d’un premier PRM en 2027 (mise en service prévue en 2029), afin d’acquérir de l’expertise sur les processus d’autorisation et de sûreté auprès de la Commission canadienne de sûreté nucléaire. Ce scénario présume un environnement sociopolitique favorable au développement du nucléaire, dans un contexte où la transition énergétique impose une forte croissance de la demande en électricité, et où le potentiel réalisable de nouveaux barrages demeure limité ou difficile à exploiter, pour des raisons techniques ou d’acceptabilité sociale. Le scénario favorise donc le développement du nucléaire en tant que source d’énergie propre, fiable et continue. De plus, les centrales nucléaires peuvent généralement être construites plus près des centres de consommation que les barrages hydroélectriques, ce qui pourrait permettre de réduire les investissements requis dans le réseau de transport électrique.
Éolien et solaire centralisés
Ce scénario repose principalement sur les technologies renouvelables variables pour combler les besoins en électricité liés à la croissance de la demande. Au cours des 20 dernières années, de nombreux projets éoliens ont vu le jour au Québec, et 17 nouveaux projets ont été approuvés, avec une mise en service prévue au cours des 4 prochaines années. Cela témoigne du dynamisme et du potentiel de cette filière à court et moyen terme. Du côté du solaire, bien que les projets aient jusqu’ici été plus limités, une certaine croissance est tout de même anticipée par Hydro-Québec. La centralisation des capacités éoliennes et solaires au sein de grands parcs permet de répondre plus rapidement à la croissance de la demande, tout en réduisant les besoins en nouvelles infrastructures de transport, lesquels sont plus élevés pour les aménagements hydroélectriques. Étant donné que ce scénario repose sur une part importante de ressources variables (vent et soleil), un accent particulier sera également mis sur le développement de capacités de stockage suffisantes – tant sous forme de batteries stationnaires (dispositif conçu pour accumuler et stocker l’énergie électrique) que sous forme de stations de transfert d’énergie par pompage (STEP).
Les STEP, aussi appelées « centrales à réserve pompée », sont des installations hydroélectriques qui stockent de l’énergie en utilisant deux bassins d’eau à des altitudes différentes. Pendant les heures creuses, elles pompent l’eau du bassin inférieur vers le bassin supérieur pour stocker l’énergie sous forme potentielle. Pendant les heures de pointe, elles restituent de l’électricité au réseau en turbinant l’eau du bassin supérieur vers le bassin inférieur.
Dans un contexte de forte croissance de la demande en électricité et de saturation du réseau existant, le scénario met de l’avant la poursuite du déploiement de grands parcs éoliens et solaires.
Sources d’énergie décentralisées
Ce scénario privilégie le déploiement de ressources renouvelables variables qui se rapprochent des lieux de consommation un peu partout sur le territoire et qui reflètent une volonté accrue des consommateurs d’accéder à une diversité d’options d’approvisionnement ou de produire eux-mêmes leur énergie. Les autres filières (hydroélectricité et nucléaire) connaissent un développement limité, en raison notamment d’enjeux sociopolitiques et du contexte macroéconomique. Par exemple, une réticence à développer de nouveaux barrages pourrait émerger en raison d’inquiétudes environnementales ou d’un bassin de main-d’œuvre spécialisée insuffisant pour accélérer le déploiement de ce type d’ouvrage. Dans le secteur industriel, la production décentralisée pourrait se traduire par une augmentation des capacités de cogénération (production simultanée de deux formes d’énergie). Toutefois, dans une optique de transition énergétique, ces installations devront présenter de faibles émissions de GES, notamment en s’appuyant sur la biomasse, le gaz de synthèse ou le gaz naturel renouvelable (GNR), ou encore en intégrant le captage de carbone. Ce scénario suppose également des coûts plus élevés pour la construction du réseau électrique, reflétant des contraintes de main-d’œuvre ou de chaîne d’approvisionnement. Par ailleurs, il nécessite le déploiement d’une capacité de stockage suffisante, par exemple par batterie, afin d’assurer une offre fiable pour les consommateurs. Afin de contribuer à la réduction de la demande électrique, le scénario prévoit aussi un développement accru des réseaux de chaleur dans les bâtiments neufs.